Séminaires scientifiques

Dans le cadre de sa mission d’animation du réseau francilien de recherche en cancérologie, le Cancéropôle Île-de-France propose toute l’année des séminaires scientifiques à destination des chercheurs et cliniciens, des communications à destination du grand public, ou des manifestations administratives qui sont l’occasion d’échanger autour de thématiques ayant trait à l’administration de la recherche en cancérologie.

Nous relayons également au sein de l’agenda des colloques et séminaires toutes les manifestations scientifiques susceptibles d’intéresser les acteurs de la recherche en cancérologie, et proposons depuis 2011 des séminaires en lignes, replay des enregistrements de nos manifestations.

17e Colloque du Cancéropôle IDF, Vieillissement & cancers

📅 04/10/2024

OBJECTIFS :

Les colloques annuels du Cancéropôle IDF sont l’occasion de se focaliser une thématique phare de la recherche francilienne sur le cancer ou de mettre en avant les actions menées par le Cancéropôle IDF, ses membres et ses groupes de travail. Cette 17e édition est dédiée aux liens entre vieillissement & cancer, en s’intéressant à la fois aux aspects de biologie en recherche fondamentale, mais également aux aspects cliniques de la prise en charge de patients âgés, en lien avec le groupe de travail « Sujets âgés atteints de cancer ». ;
Plus d’un tiers des cas de cancers incidents et plus de 50% des décès surviennent chez des patients âgés de 70 ans ou plus. Cette population particulière, dont le nombre augmente de plus en plus, est cependant confrontée à l’absence de recommandations spécifiques de prise en charge des personnes âgées atteintes d’un cancer, et est souvent exclue des essais thérapeutiques et de standard thérapeutique. Une recherche spécifique pour les sujets âgés atteints de cancers doit être développée de manière transversale, et les Unités de Coordination en OncoGériatrie (UCOG) sont des acteurs majeurs de cette dynamique. Le groupe de travail Sujets âgés atteints de cancer du Cancéropôle Île-de-France souhaite, au travers de l’organisation de ces séminaires, développer une interaction entre les UCOGs franciliennes en favorisant l’émergence d’une recherche spécifique.

Coordination :

Direction scientifique du Cancéropôle IDF, Groupe de travail Sujets âgés atteints de cancer

Le 4 octobre 2024, le 17e Colloque du Cancéropôle IDF a mis à l’honneur la thématique « Vieillissement et cancers : de la recherche fondamentale à la recherche translationnelle et applications cliniques pour l’avenir ». Cette journée a également été l’occasion de récompenser, avec le soutien de la Fondation ARC pour la recherche sur le cancer, trois jeunes chercheurs pour la qualité de leurs travaux, lors de l’édition 2024 des Prix du Cancéropôle IDF.

L’objectif de la journée a été de réunir, sur une même journée, chercheurs fondamentaux, oncologues, gériatres, épidémiologistes et sociologues de manière à susciter des échanges entre ces différentes manières d’aborder la question du vieillissement en cancérologie.

I. ASPECTS FONDAMENTAUX

Raphaël Rodriguez est directeur de recherche au CNRS et chercheur à l’Institut Curie où il dirige l’équipe Chemical Biology. Son laboratoire travaille sur la plasticité cellulaire, c’est à dire la capacité des cellules à pouvoir changer de phénotype sans altération génétique. Sont importants pour cela certains facteurs de transcription, des régulateurs épigénétiques, mais également deux métaux, le cuivre et le fer. Dans le cancer, les métaux sont impliqués dans la transition des cellules cancéreuses entre deux états : l’état prolifératif et l’état invasif (métastases), ainsi que dans l’inflammation.

Raphaël RODRIGUEZ, Institut Curiediaporama

Estelle Duprez est chercheuse au centre de recherche en cancérologie de Marseille, et étudie les mécanismes de l’hématopoïèse en s’appuyant des techniques de biologie moléculaire. Lors du vieillissement, on observe un changement de composition des cellules hématopoïétiques, qui a pour conséquences un déclin de l’immunocompétence, une augmentation de maladies auto-immunes et d’hémopathies myéloïdes. Ce vieillissement du système hématopoïétique s’explique par un changement du potentiel clonal des cellules souches, qui crée un biais en faveur des cellules myéloïdes. Quels sont les régulateurs qui dirigent la différentiation vers une voie ou une autre ? Quelle est l’hétérogénéité du pool de cellules souches ? Quels sont les mécanismes à la base du vieillissement du système hématopoïétique ?

Estelle DUPREZ, CRCM, CNRS, Université d’Aix-Marseillediaporama

SESSION JEUNES CHERCHEURS
ET REMISE DES PRIX 2024 DU CANCEROPOLE IDF

Grâce au soutien de la Fondation ARC pour la recherche sur le cancer, l’édition 2024 des prix du Cancéropôle a pris place lors de cette journée, permettant de récompenser 3 jeunes chercheurs franciliens (doctorants ou post-doctorants) pour la qualité de leurs travaux de recherche. Les 3 lauréats ont présenté leurs travaux lors d’un short talk, et se sont vu remettre chacun un prix d’une valeur de 1500€ :

  • Alice BOILEVE, Université Paris Saclay, Gustave Roussy
    Les organoïdes, des outils pour la médecine de précision fonctionnelle dans le cancer du pancréas
  • Marion GUERIN, Institut Pasteur
    L’anti-PD1 agit dans les ganglions lymphatiques drainant la tumeur par un double mécanisme
  • Léa MONTEGUT, Centre de Recherche des Cordeliers
    ACBP : un biomarqueur et inhibiteur de l’immunosurveillance en oncologie

ASPECTS CLINIQUES ET TRANSLATIONNELS

La médecine centrée sur les maladies a permis d’obtenir une augmentation de l’espérance de vie de 20 ans, mais les années gagnées sont pour moitié des années avec une mauvaise qualité de vie, avec incapacité. Pour Yves Rolland, gériatre au CHU de Toulouse, il est nécessaire de re-réfléchir la manière de traiter les personnes âgées, en intervenant plus précocement pour infléchir les trajectoires de déclin fonctionnel pour maintenir les aptitudes fonctionnelles qui favorisent le bien-être de la personne. L’OMS recommande pour cela de suivre la capacité intrinsèque d’un individu, c’est à dire ses capacités de mobilité, mémoire, vitalité, psychologiques et sensorielles. Yves Rolland aborde également lors de sa présentation l’évaluation de la résilience au travers de l’expérience de l’IHU HealthAge et des cohortes suivies.

Yves ROLLAND, IHU HealthAge, CHU Toulousediaporama

Philippe Caillet est gériatre à l’AP-HP et présente lors de cette journée un « quoi de neuf ? » en concogériatrie. Beaucoup d’études concernent les patients âgés atteints de cancer, Philippe Caillet se focalise aujourd’hui sur des articles concernant l’évaluation gériatrique pré-thérapeutique et son impact sur la prise en charge globale des patients, concernant la toxicité des traitements, et concernant également l’utilisation d’un outil connecté pour la collecte des données. Lors de sa revue de littérature, il s’attache à identifier ce que l’on peut tirer comme questionnement pour améliorer les manières de faire en recherche, par exemple comprendre pourquoi les résultats de certaines interventions sont négatives.

Philippe CAILLET, AP-HP HEGP, Corentin Celton – diaporama

La plupart des essais cliniques notamment à promotion industrielle ne considère toujours pas la population de plus de 65 ans, alors que le besoin a été identifié il y a 20 ans. Il y a par ailleurs une sélection qui est faite des patients âgés inclus qui crée une représentation erronée de la réalité et un important biais d’interprétation. Etienne Brain est oncologue médical à l’Institut Curie et travaille de longue date à favoriser la recherche clinique en oncogériatrie en France. Ce type de recherche spécifique est indispensable, et nécessiterait d’être mises en œuvre à l’échelle internationale. Il faut adresser la multicomplexité des sujets âgés, et prendre en compte les contextes de résidence des sujets âgés (domicile, résidence, …), les effets secondaires, les soins de support et palliatifs, et le rôle des aidants.

Etienne BRAIN, Institut Curiediaporama

En 2000, il a été constaté que la prise en charge des patients âgés était suboptimale, avec un sous-diagnostic de la maladie cancéreuse, un défaut de traitement et peu de données scientifiques validant les traitement, mais aussi un défaut de formation et d’information des professionnels. Le déploiement des 28 unités de coordination en oncogériatrie (UCOGs) a permis un rapprochement entre oncologues et gériatres, pour mener des actions de soin, de formation, et de recherche. Elena Paillaud revient sur les différentes réalisations nées de ces interactions, notamment : création d’outils et notamment de l’outil G8 d’évaluation de la fragilité adapté aux populations atteints de cancer, mise en place de cohorte en vraie vie grâce aux épidémiologistes qui permettent de valider des questions scientifiques, favoriser les essais thérapeutiques spécifiques au sujet âgé.

Elena PAILLAUD LAURENT-PUIG, AP-HP HEGPdiaporama

L’âge de la vieillesse est une barrière doublement mobile : parce que cette barrière a bougé en fonction de l’histoire, et parce que le regard sur cette population a changé avec le temps. L’âge est le produit de processus sociaux qui vont définir ce que l’on reconnaît comme étant l’âge. Meoïn Hagege est sociologue de la santé de l’équipe de recherche du service santé publique d’Henri Mondor. Elle aborde la question de la sous-inclusion des sujets âgés dans les essais cliniques sous l’angle de la sociologie, en collaboration pluridisciplinaire avec la santé publique. Elle présente ici une série d’études sur l’âge dans la recherche clinique dans la recherche clinique et du soin, puis fait une focale sur les enjeux de l’âge sur la participation des malades du point de vue de la participation des malades et du point de vue des professionnels.

Meoïn HAGEGE, CEPiA, UPEC, Insermdiaporama

Depuis 5 ans on observe une explosion du nombre de recherches utilisant des données de vie réelle (Real World Data) et une preuve basée sur la vie réelle (Real World Evidence). Depuis 2018, ces RWD sont utilisées par les agences de régulations pour améliorer leurs prises de décisions : il s’agit de données issues d’entrepôts de données de santé, de données médicales du type remboursmeent, de registres de traitements ou de maladie, de données biologiques ou de données technologiques (objets connectés). Florence Canoui-Poitrine est épidémiologiste à l’AP-HP, Hôpital Henri Mondor. Elle montre ici que ce type de recherches sont en réalité mises en œuvre depuis bien plus longtemps par des épidémiologistes. C’est le cas notamment en oncogériatrie, où les patients âgés ne sont pas inclus dans des essais thérapeutiques et pour lesquels des essais pragmatiques ont du être mis en place par les oncologues s’intéressant à ces patients.

Florence CANOUI POITRINE, CEPiA, AP-HP Henri Mondor, UPEC diaporama